Entre peur de l’autre et divers stéréotypes, il n’est pas toujours aisé pour les migrants de s’insérer dans un nouveau pays. Lors d’un Bureau politique, nous avons discuté des politiques d’intégration avec Nathalie Debusschere, cofondatrice de l’ASBL « L’envol des frontières ». Une occasion pour briser certaines idées reçues et mieux comprendre les difficultés potentielles à s’intégrer.

Préalable

Avant d’entrer dans le vif du sujet, quelques définitions s’imposent :

  • Les migrants: : toute personne qui quitte son pays d’origine pour s’installer dans un autre pays, peu importe les motifs (travail, regroupement familial, fuite, etc) et les moyens employés (réguliers ou irréguliers).
  • Les immigrés: ce sont des personnes qui viennent de l’étranger pour établir leur résidence dans un pays donné pendant un certain temps.
  • Les primo-arrivants: ce sont des personnes d’au moins 18 ans. Elles sont inscrites sur un registre communal et disposent d’un titre de séjour de plus de 3 mois. De plus, elles résident sur le territoire belge depuis moins de 3 ans. En outre, c’est une catégorie d’individus assez car ils sont soit : européen, non européen mais avec VISA ou demandeur d’asile ayant obtenu l’asile.
  • Les demandeurs d’asile : toute personne qui fuit son pays et sollicite la reconnaissance de la qualité de réfugié dans un autre pays. Durant toute la durée de traitement de cette demande, les personnes sont des demandeurs d’asile.
  • Les réfugiés : individus fuyant les persécutions en raison de leur race, de leur religion, de leur nationalité, de leur appartenance à un certain groupe social, ou de leur opinions politiques.

L’histoire de l’intégration en Belgique

Pendant longtemps, notre pays a pensé la migration comme un projet d’adaptation conjoncturel de la main d’œuvre. Celui-ci permettait de combler le besoin de travailleurs qui prédominait avec une présence envisagée comme provisoire sur notre territoire. Cela a commencé avec les Italiens après la Seconde guerre mondiale. Cependant, après le choc pétrolier de 1973, portant un coup à la période de croissance économique, l’immigration a été stoppée. Après cela, les règles entourant l’immigration sont devenues très strictes.

Au niveau de l’intégration de ces immigrés, les politiques ont toujours réfléchi de manière réactive et non proactive. L’immigration étant généralement considérée sous l’angle de conflits économiques, politiques ou culturels. Ce manque d’intérêt pour de vraies politiques d’intégration a notamment conduit à la création de quartiers immigrés mais aussi à l’établissement d’un racisme structurel. Il faudra attendre les années 2000 pour qu’une vraie politique institutionnalisée d’intégration existe.

L’intégration des primo-arrivants

Aujourd’hui, lorsqu’un immigré arrive sur notre territoire, il est pris en charge par la politique d’accueil de l’Office des étrangers et Fedasil (au niveau fédéral). Lorsque ces immigrés entrent dans la catégorie « primo-arrivants », c’est la région dans laquelle ils résident qui prend le relai. En effet, les politiques d’intégration sont du ressort régional et chacune a mis en place son parcours d’intégration.

Pour résumer, ce parcours est un accompagnement dans l’apprentissage de la langue, de la citoyenneté et de l’insertion socio-professionnelle. L’objectif est de pouvoir mener une vie autonome et participer à la société. Le parcours est obligatoire dans les 3 régions, même si l’obligation n’est pas encore effective à Bruxelles. Ensuite, il est possible de demander la nationalité (conditions strictes à remplir).

Des freins de différentes natures

Le parcours d’intégration permet de rencontrer +/- les besoins à court-terme des migrants. Cependant, l’intégration sur le long-terme semble moins aisée car cela renvoie à une dynamique sociale bien plus complexe.

En effet, il existe des freins de différentes natures. Certains sont des difficultés propres aux personnes (faiblesses intellectuelles, physiques…), d’autres relèvent du registre des discriminations.

  • Des freins liés à la langue et l’administration : l’analphabétisme, la discrimination sur la base de l’accent, la culture de l’écrit en Belgique et le langage administratif spécifique. En outre, la numérisation de l’administration crée une fracture numérique.
  • Des freins liés au marché du travail : si l’équivalence du diplôme n’est pas reconnue, les métiers proposés sont souvent genrés et dévalorisés. Pour un immigré de première génération, les chances de trouver un emploi sont divisées par trois tant les discriminations sont importantes.
  • Des freins liés au logement : les immigrés sont discriminés et victimes du racisme institutionnel et ordinaire même si des règles existent pour les protéger. A cela, s’ajoutent les inégalités socio-économiques.

L’intégration, un processus collectif ?

Depuis près de 25 ans, des politiques d’intégration existent. Cependant, l’intégration en tant que telle n’est pas une pleine réussite au vu des nombreux freins que rencontrent les primo-arrivants. Alors que leur intégration est vue comme étant de leur responsabilité propre (ex :  « ils n’ont qu’à s’adapter » ), ne reposerait-elle pas finalement sur une dimension plus collective ? Chaque acteur de notre société n’aurait-il pas sa part de responsabilité (les politiques, les administrations, les employeurs, les propriétaires, etc ?). Dès lors, il convient de travailler à des politiques plus globales de diversité et de lutte contre le racisme.

Retrouve tout ce qui a été expliqué lors de Bureau politique ici

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Auteur
Jolan D'Hooghe
Secrétaire politique DéFi Jeunes

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