Fin septembre, des milliers de militants du Vlaams Belang se sont rassemblés à Bruxelles. Leur objectif ? Montrer avec force leur opposition à la formation du gouvernement fédéral. Comme tout mouvement d’extrême droite, ce parti a surtout démontré son rejet du système démocratique et sa haine vis-à-vis de l’autre.

Une manifestation qui n’en a que le nom

Selon les estimations, plus de 5000 partisans du Vlaams Belang s’étaient rejoints sur le parking du Heysel avec leur voiture. Munis de drapeaux flamingants et divers symboles nazis, ils protestaient contre leur exclusion de la coalition Vivaldi. Des images dures à regarder pour nous, les jeunes. Nous n’avons peut-être pas connu les grandes guerres en Europe. Cependant, nous avons grandi avec les livres d’Histoire. Et, ceux-ci nous ont montré où peuvent conduire le racisme et les discours haineux. C’est pourquoi, il est effrayant de voir monter progressivement cette haine au sein de nos sociétés. Ce rejet de l’autre est intolérable. En outre, cacher ces idées nauséabondes sous le nom d’ « une manifestation contre un gouvernement » qui ne serait pas démocratique est révoltant.

Un parti attirant pour les blasés de la politique

A travers l’Europe et ailleurs, les partis d’extrême droite ont le vent en poupe. Élection après élection, ceux-ci gagnent de plus en plus de sièges. Désormais, certains ambitionnent d’exercer le pouvoir, comme le Vlaams Belang. Les raisons de ce succès s’expliquent par la crise que nos systèmes démocratiques vivent depuis plusieurs années. Celles-ci ont pour conséquence d’entrainer une perte de confiance des citoyens envers leurs élus.

Une extrême droite empruntant tous les codes

L’extrême droite n’est pas un phénomène nouveau. En effet, de tels mouvements existent depuis le 19ème siècle ! Dès lors, de nombreux chercheurs ont pu les étudier à travers le temps et le font encore aujourd’hui. Aujourd’hui, elle se définit selon 3 critères :

  1.  Penser que les inégalités sont fondamentales dans notre société.
  2.  Présenter le nationalisme comme solution, et assumer ces inégalités/différences comme source de droits différents entre les citoyens. Comme l’extrême droite se base sur les différences, il y aura toujours une « cible » pour ces groupements (minorités ethniques, religieuses…).
  3.  Ne pas reconnaître les règles du jeu démocratique (contester les élections, utiliser la violence…).

Trois idées clefs que l’on peut facilement appliquer au discours employé par un parti comme le Vlaams Belang. A savoir que les propos tenus s’intègrent dans une stratégie de communication bâtie pas à pas sur les réseaux sociaux. Leurs messages se diffusent grâce à des publications sponsorisées et bien ciblées. Avec le PTB, ce sont les 2 partis qui dépensent le plus sur ces plateformes.

Des solutions pour freiner sa progression

Aucun outil à lui seul ne peut apporter la solution à cette montée de l’extrême droite. Néanmoins, des solutions existent, même si chacune possède son côté positif et négatif.

Cordon sanitaire politique

Ce dispositif existe depuis 30 ans en Belgique. Il exclut les partis d’extrême droite d’occuper le pouvoir. Ceci pousse leurs électeurs à ne pas voter pour eux et à se tourner vers des partis plus modérés. Il en est de même pour les hommes et femmes politiques qui souhaitent rejoindre une famille politique. Cependant, ce cordon n’empêche les idées de se propager.

Cordon sanitaire médiatique

Contrairement au cordon politique, force est de constater qu’il concerne principalement le sud du pays. Ce mécanisme consiste à ne pas inviter des partis d’extrême droite et à ne pas leur donner la parole. Ce boycott contribue grandement à affaiblir l’extrême droite, en ralentissant la dédiabolisation de leurs idées. Toutefois, celui-ci repose uniquement sur la ligne éditoriale de chaque média. En outre, Internet a aussi facilité la propagation de ces idées en dehors des médias traditionnels.

Processus participatifs & innovations démocratiques 

Face à la perte de confiance, les niveaux de pouvoir développent des innovations pour faire davantage participer les citoyens dans la prise de décision. Ces processus augmentent la légitimité des décisions politiques ainsi que la compréhension du fonctionnement de l’Etat. Néanmoins, les partis traditionnels se montrent frileux d’intégrer ces nouvelles méthodes de gouvernance.

Suspension du financement public

Si un parti ne respecte pas la charte des droits de l’homme, il se retrouve privé de sa dotation publique. En Belgique, Cette mesure représente une arme très puissante pour sanctionner un parti politique. Pourtant, elle n’a jamais été utilisée jusqu’à présent.

Outils pédagogiques

Ces initiatives sensibilisent et augmentent la compréhension que les citoyens (surtout les jeunes) ont de ces mouvements. Au long terme, ces jeunes auront moins de chance d’adhérer à des idées d’extrême droite. Cependant, il faut agir fort en amont et cela ne prévient pas directement les actions portées par les mouvements extrémistes.

C’est la conjonction de toutes ces mesures qui va avoir un impact sur la progression de ces mouvements au long terme. Il ne faut pas abandonner les efforts parce qu’ils ne solutionneraient pas tout.

D’autres mesures pour lutter contre les extrêmes

Face au succès d’un parti comme le Vlaams Belang, les DéFI Jeunes ont mené une réflexion lors d’un Bureau Politique (BP). Comment enrayer ces pensées de + en + extrêmes ? Comment (r)amener un débat + sain sur la scène politique et publique ? Voici les questions que nous nous sommes posées.
Avec l’aide d’un expert sur le sujet, les participants ont pu donner leur avis sur cette thématique. A la fin, toutes les idées partagées ont été prises en compte pour construire des positions. Celles-ci seront soumises à l’ensemble de nos membres via un vote online. Un compte-rendu complet de ce BP suivra.

Auteur
Jolan D'Hooghe
Secrétaire politique DéFi Jeunes

Partager

© 2019 - 2024 DéFI Jeunes. Tous droits réservés. Politique de confidentialité