Dans son dernier ajustement budgétaire, le ministre flamand de la jeunesse, Sven Gatz, a choisi de ne pas reconduire les subsides aux organisations de jeunesse politiques. Cette décision, sous ses allures d’exercice comptable, remet en cause in fine l’indépendance – voire la légitimité – des jeunesses politiques.

Des jeunesses politiques soumises à des obligations

Dès janvier 2017, six organisations de jeunesse politiques flamandes se retrouveront sans financement public. D’aucuns estimeront cette décision louable en partant du principe que ce n’est pas aux contribuables de financer les jeunesses politiques. Ce serait bien vite oublier que les subsides attribués aux jeunesses politiques belges ne sont pas sans conditions.

En Fédération Wallonie-Bruxelles, par exemple, les organisations de jeunesse politiques ont comme objectif et devoir de former les jeunes à devenir des CRACS, comprenez des Citoyens Responsables, Actifs, Critiques et Solidaires. En d’autres termes, elles jouent un rôle fondamental pour faire vivre les débats au niveau des jeunes et comme espace dans lesquels ceux-ci peuvent s’impliquer et s’engager au-delà de leur mission pédagogique, elles ont l’obligation de respecter – et promouvoir ! – les valeurs communes qui fondent notre société, dans leurs discours comme dans leur action. Cette vocation est essentielle à la pérennité de notre démocratie et reste une garantie pour l’éducation, l’engagement, l’intérêt des jeunes aux enjeux publics et politiques.

Une indépendance mise en danger

Selon le ministre Sven Gatz, les mouvements de jeunesse devraient dorénavant rechercher d’autres sources de financements, notamment à travers leurs partis-mères. Passons le fait que les partis politiques reçoivent une dotation publique et que, par conséquent, le ministre Gatz, à défaut d’enterrer le principe, reporte la charge budgétaire sur un autre niveau de pouvoir.

Le réel danger, pour les jeunesses politiques, est de voir disparaître peu à peu leur autonomie d’action et leur indépendance par rapport aux partis politiques. S’engager dans une organisation de jeunesse politique n’équivaut pas à s’engager dans un parti politique, et cela ne doit pas le devenir. Cette indépendance est indispensable pour permettre aux jeunesses politiques d’avoir leurs propres actions, de proposer des alternatives, de mûrir leur projet de société. Les jeunesses politiques, qu’on le veuille ou non, restent des forces de propositions pour leurs aînés mais aussi pour la société dans son ensemble. En les forçant à se tourner vers d’autres sources de financement, on prend le risque de les voir se transformer en outil de propagande de leurs généreux donateurs.

Ainsi, c’est d’un commun accord que les jeunesses politiques francophones souhaitent dénoncer cette situation. Cette problématique transcende les clivages car elle met en danger la représentation des jeunes dans le débat public, tout comme leur libre-arbitre.

Ne réduisons pas les jeunesses politiques à du militantisme de base, ni à un gouffre financier pour les autorités (pour rappel : le secteur de la Jeunesse en Fédération Wallonie-Bruxelles représente 0,47% de son budget ; les organisations de jeunesse politiques, quant à elles, représentent 6% du secteur). Nous avons un rôle essentiel au sein-même de la démocratie. Il serait peut-être temps que le ministre Gatz s’en souvienne…


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